Former l’oreille

Si l’on joue un air très simple à un néophyte en musique, ce néophyte sera capable de le restituer en chantant juste (en chantonnant juste, sauf dans quelques cas rarissimes de malformations auditives) mais il sera incapable de dire les notes qu’il a chantées.

Ne pas savoir nommer ce que l’on chante n’est pas la preuve d’un manque d’oreille, mais tout simplement d’une non éducation (d’un manque d’orthographe) sans importance habituellement, mais gravissime pour un musicien car il correspond à une espèce d’analphabétisme. On connaît les méfaits de l’analphabétisme dans la vie ordinaire, on imagine aisément les tourments du musicien qui les subit.

Comment remédier à cet état ? Avant d’essayer de trouver des solutions, observons qu’il ne viendrait à l’idée d’aucune personne sensée de demander à un analphabète ordinaire de prendre un texte en dictée, sans l’avoir éduqué au préalable. Ce serait un comportement extrêmement cruel et néfaste. C’est pourtant ce qui se passe trop souvent en musique.

Dans cet ouvrage d’initiation à la musique s’adressant à des élèves « ouverts », c’est à dire  vierges de tout enseignement et par conséquent dépourvus de blocage en ce qui concerne l’audition, la formation de l’oreille sera envisagée comme un simple jeu d’association faisant appel  non pas à la magie mais à la mémoire. L’éducation  de l’oreille consiste donc à associer aux sons, les noms des notes.